26 Août Plus de 700 nouvelles familles rencontrées depuis janvier 2023
Nous vous proposons un bilan des actions que nous avons menées au premier semestre 2023 en Ile de France.
Entre janvier et juin, au cours de 151 actions, nous avons touché 642 parents d’enfants de moins de 4 ans, dont plus de 80% de femmes. Il faut ajouter les 80 femmes qui ont participé à notre expérimentation sur le suivi de grossesse et la prévention précoce en périnatalité menée avec le département du Val d’Oise, dont nous vous parlerons un peu plus tard en septembre. Ce sont donc 731 familles au total qui ont été concernées par une action PAPOTO entre janvier et juin 2023. 100% de ces parents résident en quartier prioritaire de la politique de la ville et/ou en hébergement d’urgence. Concernant les parents qui assistent à plusieurs ateliers (90% de mères), 34% sont sans diplôme, 64% sans emploi, 40% en situation de monoparentalité et 72% sont nés à l’étranger.
Dans le cadre de notre programme « les besoins fondamentaux du jeune enfant dans la cité » déployé sur 4 territoires (Sevran, La Courneuve, la communauté d’agglomération Melun Val de Seine, Grigny), nous avons proposé des cycles d’ateliers (un minimum de 3 ateliers, un maximum de 7) dans des centres sociaux, maisons de quartier, hôtels sociaux. Mais aussi des interventions beaucoup plus ponctuelles dans des écoles maternelles, des PMI, des crèches. Nous avons testé une nouvelle modalité : échanger avec des familles dans les salles d’attente de PMI, de façon impromptue et non formalisée (pour elles). A Paris, nous sommes essentiellement intervenus auprès de familles migrantes primo arrivantes hébergées en hôtel social, grâce à des partenariats avec le Samu social de Paris, le CASP, l’Armée du Salut, les associations Basiliade et Dessine Moi un Mouton.
Nous continuons d’utiliser nos vidéos de vulgarisation scientifique pour échanger avec les familles sur le besoin de sécurité affective, les émotions, le développement du langage, les écrans, la discipline positive… Nous avons produit trois nouvelles capsules, une sur le sommeil du tout petit, avec le conseil scientifique d’Héloïse Junier, une sur l’alimentation du jeune enfant, en partenariat avec le Programme MALIN, et une sur le suivi de grossesse, en partenariat avec le Département du Val d’Oise et le Réseau Périnatal du Val d’Oise.
Avant de livrer quelques données concernant l’impact de nos actions, nous tenons à remercier chaleureusement les financeurs qui nous permettent d’accompagner de plus en plus de familles : les villes de Paris, La Courneuve, Sevran et Grigny, la Région Ile de France, les CAF de Seine Saint Denis et de Paris, l’ANCT Paris Terre d’Envol, l’Agence Régionale de Santé Ile de France, la Fondation de France, Break Poverty, la Fondation Crédit Agricole Brie Picardie. Nous comptons désormais parmi nos généreux soutiens financiers le Fonds l’Oréal pour les Femmes.
A ce jour, 128 parents ont répondu à un questionnaire d’évaluation pour les actions du premier semestre 2023 (hors expérimentation 95), une nouvelle campagne d’évaluation aura lieu en septembre. 100% des 128 répondants ont trouvé l’action proposée « intéressante et utile ». 91% des répondants ont appris de nouvelles notions (93% dans le cadre des cycles d’ateliers, 87% lors des actions ponctuelles). 85% des répondants ont modifié ou ont l’intention de modifier leurs pratiques éducatives (81% dans le cadre des cycles, 91% pour les actions ponctuelles). A noter que les parents qui ont assisté à une seule intervention, souvent dans le cadre de l’école, de la PMI ou de la crèche, sont plus nombreux que les parents inscrits dans un cycle d’ateliers à manifester un désir de changement. Il nous faudra creuser un peu pour comprendre ce résultat a priori contre intuitif (s’agit-il par exemple d’un public différent ?).
Voici en tous cas un petit florilège des témoignages recueillis auprès des familles que nous remercions pour leur bon accueil et leur confiance.
Quelques réactions de parents interrogés quelques jours, voire quelques semaines après une rencontre dans une école maternelle :
« Ça m’encourage à continuer à leurs parler »
« Qu’est-ce que j’ai appris ? Comment on parle aux bébés, on ne crie pas, on utilise la douceur, pas la fessée »
« J’ai parlé à ma soeur pour lui dire qu’il ne fallait pas taper les enfants »,
« Maintenant je fais participer mon fils dans la cuisine avec moi »,
« Pour le sommeil maintenant je mets des rituels en place et ça fonctionne plutôt bien avec ma fille »,
“Oui, dès que je suis sortie de l’atelier j’en ai parlé à mon conjoint, voilà ce que j’ai appris…”,
« Maintenant je regarde avec elle quand elle regarde les dessins animés sur les écrans. Avant elle avait le téléphone tout le temps, maintenant elle n’a plus le droit de prendre le téléphone et quand elle regarde la télé, je le fais avec elle. »
« Il faut passer plus de temps, au moins 5 mn par jour, lui raconter une histoire avant de dormir, c’était super intéressant, j’ai appris plein de choses »
« Quand on enlève les écrans on donne quelque chose en contre partie, ca marche très bien »
« Je n’allume plus la télé pendant les repas »
« J’ai arrêté complètement la télé le matin, au réveil, j’ai aussi introduit les histoires avant de dormir. »
Nous vous livrons aussi ce témoignage d’une femme qui a assisté à une de nos interventions dans une école maternelle, non en tant que mère, mais en tant qu’AESH (Accompagnant d’élève en situation de handicap, les ex « AVS »):
“ Moi je suis maman solo, ma culture est différente j’ai rencontré de grandes difficultés dans l’éducation avec mes enfants. Parler de tout ça, m’a fait beaucoup de bien. Si j’avais su tout ça dès le départ, j’aurais fait les choses autrement dans l’éducation de mes enfants. Maintenant grâce à PAPOTO je sais que nous pouvons bien parler à nos enfants et nous faire obéir sans utiliser la violence. Dès que j’ai vu les vidéos, je les ai envoyées à des amies qui ont des enfants en bas âge aussi. Beaucoup de mamans africaines ne comprennent pas encore l’intérêt de parler de tous ces sujets d’éducation mais parce que nous avons nous mêmes peur d’être accusées par nos pratiques, par le manque d’informations justement.
C’est très clair que ça peut nous aider à recadrer nos enfants de manière différente et bienveillante. La fessée nous savons que ça ne fonctionne pas. C’est important de prendre conscience de tout ça en tant que parent car nous en Afrique il n’y pas de dialogue entre les enfants et les adultes. On ne parle pas aux enfants, on leur parle seulement pour dire ce qu’il faut pas faire ou passer directement par la violence sans mettre de mots auprès de l’enfant. C’est très utile ces ateliers, je suis la preuve que ça fonctionne, maintenant je me calme et petit à petit j’essaye de mettre des mots et d’expliquer les choses à mes enfants, avant je ne le faisais pas. Je vois la différence d’ambiance : c’est plus calme à la maison.
C’est tellement important de connaître toutes ces informations, beaucoup de mamans sont seules et se sentent démunies, on ne sait pas comment faire, les codes sont différents entre ici et au pays, quand on arrive en France on ne sait pas comment faire. Maintenant j’en parle à tout le monde autour de moi, pour aider ces mamans solo du quartier”.
Et ce témoignage très fort d’un père, recueilli par l’animatrice : « J’ai été élevé dans la violence. Je me rendais compte que c’était de la violence. Je me disais que quand je serai grand, je ne ferai pas comme ça avec mes enfants. Aujourd’hui, j’essaie de tenir, je ne veux pas les frapper. Mais mes parents ne comprennent pas. Ils me disent : « si tu ne les corriges pas ils ne vont pas pousser droit ». Alors forcément je me demande souvent si j’ai raison. Donc voilà, aujourd’hui, après cet atelier, je vais pouvoir me dire « oui tu as raison, c’est l’amour qui permet à un enfant de bien grandir, pas la violence ».
Voici également quelques retours de parents ayant participé à plusieurs ateliers PAPOTO :
» Nous serons plus dans le dialogue dorénavant, j’ai déjà changé ma manière de communication »
« Je veux parler davantage à mon bébé en le regardant »
« Je veux arrêter de donner des fessées »
« Je ne connaissait pas beaucoup de choses, par exemple comment les enfants apprennent à parler. Dans mon pays on ne parle pas aux enfant, on ne leur demande pas ce qu’ils pensent parce que ce qu’ils disent est faux »
« J’ai toujours chanté à mon bébé mais là ça m’a donné envie de le faire encore plus, tous les jours, par exemple quand je lui change sa couche ».
« Bien donner des indications aux enfants, bien les accueillir, leur parler s’ils font des bêtises, non pas leur taper mais leur parler ».
« Je me mets vite en colère, maintenant je leur explique, je me mets moins en colère. Je leur demande plus aussi ce qu’ils ont fait, je leur parle plus ».
« Maintenant quand je vais la chercher à l’école je lui demande comment ca s’est passé, elle parle plus »
“Le développement du cerveau : je me souviens de ce qu’il faut faire pour allumer le cerveau du bébé, les petites attentions à envoyer à l’enfant. »
“Le comportement de l’enfant, on a regardé des vidéos, on a parlé des trucs comme : comment le cerveau de l’enfant fonctionne quand il est énervé, ce qu’il faut faire pour le calmer et nous les parents comment il faut faire pour remonter notre moral pour ne pas être énervé ou triste. Et quand un enfant a des comportements qui ne sont pas bien comment le faire revenir à la raison.”
“Quand un enfant est né dans un entourage où y’a une famille qui est toujours sur le téléphone, à la télé, qu’il n’y a pas de temps pour l’enfant, ça éteint les lumières dans le cerveau. Ça ferme l’enfant. Alors que si vous rigolez avec lui, si vous parlez beaucoup avec lui, même 10 minutes par jour, c’est trop bien ça l’allume.”
“(…) Je rigole avec lui, je joue avec lui, je lui fais du cache-cache (‘le coucou-caché’). Je fais taper les mains. Des petites attentions que j’essaie de faire avec lui pour stimuler son cerveau. »
“ (…) Parfois je prends mon front et je le colle sur son front, et il rigole. J’essaie de copier ce que j’ai vu dans les vidéos. J’ouvre l’armoire, et je dis : je t’ai vu ! Il rigole. J’essaie de jouer avec lui et tout. Les deux séances m’ont fait un peu du bien. Même si je savais mais j’avais pas trop conscience de comment faire. Parce que c’est mon premier enfant.”
Enfin quelques témoignages de nos partenaires :
« Les ateliers PAPOTO apportent beaucoup aux familles. D’abord parce que les explications sont faciles à comprendre grâce aux vidéos mais aussi parce que l’on peut échanger, apporter son expérience personnelle et être aidé. Nous recevons PAPOTO pour la troisième année et au bout des six séances les mères en redemandent toujours. »
« Je pense que ces ateliers, par la dynamique groupale, permettent aux mères de davantage investir le groupe, la parole et les échanges. Aussi, ils sont organisés de façon pédagogique, bien que parfois aussi un peu denses en informations, tout en s’adaptant aux différentes cultures dont sont issues les dames que nous accueillons ».
« Les ateliers sont particulièrement adaptés aux familles en situation de précarité, d’exclusion ou ayant des parcours migratoires . L’action collective constitue un plus car elle permet à des personnalités plus discrètes d’interagir aisément. La dimension de prévention pour limiter les risques est prégnante.»
« L’animatrice n’est pas dans une position descendante mais bien dans une réflexion collective autour d’un thème avec des apports supplémentaires qui viennent proposer des outils … sans imposer. Une maman d’un enfant de 3 ans, qui avait été alertée par plusieurs professionnels (Travailleurs sociaux, PMI, école,…) sur la sur exposition de son fils aux écrans nous a interpellés en disant « maintenant j’ai bien compris que ce n’était pas bon pour lui, j’essaye de le mettre moins devant la TV et de lui proposer autre chose, ça commence à marcher ».»
« Je mettrais en avant l’axe préventif des interventions PAPOTO. Ainsi que la richesse des échanges et des témoignages. C’est très ludique et intéressant. »
« On a eu un retour très positif sur les ateliers en centre social, mais aussi sur les interventions auprès des parents des enfants bientôt scolarisés dans les classes « moins de 3 ans ». Après ces interventions des pères sont revenus vers nous pour faire des activités. On a pu mettre en place des ateliers « pères ». Les enseignants sont contents de l’intervention car cette année ils ont trouvé que les parents sont arrivés avec des bonnes choses, avec des questions très pertinentes qu’ils n’avaient pas avant. »
Des retours toujours gratifiants pour nous, pour l’équipe, pour nos animatrices (et bientôt animateurs), qui constituent une puissante motivation en cette rentrée de septembre !
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