Soutenir les parents pour favoriser le développement de l’enfant : un effet de nouveau démontré

Chez PAPOTO nous sommes toujours à l’affût des publications scientifiques qui peuvent éclairer, moduler ou conforter notre philosophie et nos actions. Dans le cadre de notre veille nous avons identifié cette étude récente qui montre l’intérêt des interventions précoces de soutien à la parentalité sur le développement du jeune enfant, effectuée par un groupe de chercheur.euses du département de la santé mondiale et de la population de l’Université de Harvard (2021).

Les auteur.es mettent en exergue l’importance de cette méta-analyse : “A notre connaissance, il s’agit de la revue et la méta-analyse systématique mondiale la plus vaste et la plus complète qui démontre l’efficacité des interventions parentales durant les 3 premières années de la vie sur un large éventail de résultats concernant le développement du jeune enfant et des parents.”

Pour cette recherche, 6 domaines du développement du jeune enfant ont été recensés : le développement cognitif, langagier, moteur, le développement socio-émotionnel, les problèmes comportementaux et l’attachement. Dans le même temps, 4 mesures de parentalité ont été sélectionnées : les connaissances parentales, les pratiques parentales, les interactions parent-enfant et les symptômes dépressifs parentaux. Cette étude se base également sur 7 différentes variables telles que le niveau de revenus dans les 33 pays concernés par l’étude (niveau de revenus bas, moyen et élevé), l’âge moyen des enfants concerné.es, la durée des interventions en mois ou les modalités des interventions (individuelle ou en groupe, ou les deux).

Dans un premier temps, les chercheur.euses montrent que les modalités des interventions parentales recueillies dans cette méta-analyse varient. Ils indiquent ainsi : “Sur un total de 102 interventions, 70 (69 %) comportaient, dans une certaine mesure, une composante de soins adaptés visant à améliorer les interactions parent-enfant.” Concernant le modèle de ces interventions, 57% étaient délivrées individuellement et 13% étaient réalisées en groupe. Le reste des interventions étaient à la fois individuelles et en groupe (30%).

Mettre l’accent sur le caregiving favorise le développement cognitif du tout petit

 

Les résultats de l’étude montrent que les interventions auprès des parents sont essentielles pour améliorer le développement des jeunes enfants au niveau mondial, à plusieurs points de vue : “Nous avons trouvé que les interventions parentales réalisées durant les trois premières années de la vie amélioraient le développement cognitif, du langage, moteur et socio-émotionnel ainsi que l’attachement du jeune enfant, et réduisaient les problèmes comportementaux. Les interventions de parentalité, de plus, amélioraient la connaissance parentale, les pratiques parentales et les interactions parent-enfant ; cependant, elles ne réduisaient pas significativement les symptômes dépressifs parentaux.”

Selon les variables, les résultats de l’étude diffèrent. Parmi ces variables, l’accent mis ou pas sur le caregiving (« donner du soin à l’enfant »): “Les interventions parentales favorisant le caregiving ont eu des effets significativement plus importants sur le développement cognitif de l’enfant, les connaissances parentales, les pratiques et les interactions parent-enfant par rapport aux interventions sans caregiving.” La seconde variable renvoie au niveau de revenus des pays, au sujet duquel les auteur.es notent : “Les interventions de parentalité avaient un plus grand effet sur le développement cognitif, le développement du langage et le développement moteur de l’enfant, ainsi que sur les pratiques parentales dans les pays aux revenus bas et moyens, que dans les pays à revenus élevés […]”. Les auteur.es expliquent : “Les parents et les enfants des pays à bas revenus sont plus susceptibles d’être exposé.es à des facteurs de risque additionnels qui contraignent les soins attentifs (nurturing care) et le développement du jeune enfant (par exemple, faible niveau d’éducation des parents, malnutrition, moins d’opportunités d’apprentissage précoce), à tel point qu le soutien pour la parentalité peut être plus bénéfique dans des contextes de basses ressources.” Ils ajoutent qu’il s’agit maintenant d’étudier plus en détails l’impact des interventions parentales selon les profils socio-économiques des bénéficiaires. Effectivement, les chercheur.euses affirment : “Plus de recherches sont requises pour comprendre si et comment la variation de profils à risque au sein de la population peut influencer le degré de bénéfices d’une intervention parentale.”

De l’importance d’insister sur les techniques de discipline non violente

 

Cette remarque s’inscrit ainsi dans un ensemble plus large d’analyses et de recommandations, dans l’article, émises par les auteur.es. Parmi celles-ci, deux autres points clés retiennent notre attention.

En premier lieu, cette étude, contrairement aux études précédentes, a évalué les effets des interventions sur 6 aspects distincts du développement du jeune enfant. Les interventions ont eu des effets plus importants sur le développement cognitif, de langage et moteur, ainsi que sur l’attachement de l’enfant. Toutefois, elles ont eu moins d’effets sur le développement socio-émotionnel et les problèmes comportementaux. Ces résultats s’expliquent par le contenu des interventions, souvent centrées sur les “possibilités de jeu et d’apprentissage précoces”. Les chercheur.es proposent ainsi une piste afin de permettre une plus grande efficacité des interventions parentales : “Afin d’améliorer efficacement le développement socio-émotionnel de l’enfant et de réduire les problèmes de comportement, les interventions nécessitent un contenu pédagogique fondé sur des données probantes et des stratégies fondées sur la théorie de l’apprentissage social, telles que […] l’encouragement de la discipline non-violente ». De plus, les ateliers sont souvent dédiés aux enfants de 3 à 5 ans et non aux enfants de 0 à 3 ans, ce qui serait nécessaire.

D’autre part, les chercheur.euses insistent sur l’intérêt des interventions pour les parents eux-mêmes : les résultats de l’étude montrent que les interventions parentales ont amélioré la connaissance des parents, leurs pratiques et les interactions parent-enfant. Toutefois, toutes les études de cette méta-analyse n’ont pas produit de résultats sur les parents. Les chercheur.eurses insistent sur l’importance de bien mesurer les modifications des pratiques parentales pour mieux comprendre les effets de l’intervention sur le développement de l’enfant.

Chez Papoto, la mesure d’impact des ateliers sur les pratiques parentales est systématique, après chaque intervention. En échangeant avec les bénéficiaires des ateliers, nous prenons connaissance des effets qu’ont les ateliers sur les parents. Nous cherchons toujours à savoir comment adapter les ateliers afin de rendre les messages de prévention encore plus accessibles, compréhensibles et appropriables par les parents vulnérables.

Référence : Jeong J, Franchett EE, Ramos de Oliveira CV, Rehmani K, Yousafzai AK. 2021. “Parenting interventions to promote early child development in the first three years of life : A global systematic review and meta-analysis »

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