Un soutien à la parentalité en psychiatrie adulte

Une équipe néerlandaise a testé la prise en compte de la parentalité des patients adultes au sein d’un service de psychiatrie avec la mise en place de sessions mensuelles de psychoéducation sur l’impact de la maladie mentale des parents sur les enfants. Ils ont publié leurs résultats dans la revue Frontiers en mars 2019. Le site GYNGER* en avait rendu compte. Voici un extrait de cet article.

Près de 45% des patients qui reçoivent des soins psychiatriques pour adultes sont parents. Le fait d’avoir un parent porteur d’une maladie mentale affecte considérablement le bien-être des enfants. Deux tiers des enfants dont un parent souffre d’une dépression sévère ou d’un trouble de l’anxiété développeront un trouble psychique avant l’âge de 35 ans. C’est le panorama dressé par les auteurs néerlandais de cet article paru dans Frontiers Psychiatry. Leur objectif était de tester la faisabilité et l’acceptabilité d’un dispositif de soutien à la parentalité des adultes traités pour dépression sévère ou troubles de l’anxiété. Les Pays Bas proposent déjà diverses interventions préventives auprès des enfants de patients en psychiatrie mais seuls 1% des enfants concernés y accèdent. Pour les auteurs le premier pas est déjà de se poser la question de la présence éventuelle d’enfants lorsqu’on traite un adulte. En Norvège depuis 2010 comme au Pays-Bas depuis 2017, il est obligatoire de répertorier le nombre d’enfants mineurs à la charge du patient adulte.

Evoquer les enfants avec les patients adultes : pas si simple

Les auteurs pointent que ces dispositions législatives ne suffisent pas à rendre le service rendu vraiment efficace. Il existe de nombreux freins à la prise en compte des enfants, chez les parents comme chez les professionnels. Les parents ne perçoivent pas forcément la nécessité d’évoquer leurs enfants, ils peuvent être réticents à solliciter les enfants, craindre un sentiment de honte et de stigmatisation, rencontrer des problèmes pratico-pratiques tels que les transports. Les professionnels de leur côté peuvent considérer que la parentalité est un sujet trop sensible.

L’objectif de cette étude pilote est de comprendre comment une approche préventive axée sur la famille, consistant en une session mensuelle de psychoéducation intitulée « parentalité et maladie mentale », peut être implantée en routine au sein d’un service de soins psychiatriques adultes. Dans cette expérience menée dans un centre psychiatrique universitaire accueillant des patients hospitalisés ou en ambulatoire, tous les professionnels étaient censés mentionner au moins une fois la question des enfants et inciter les patients à assister aux séances de psychoéducation. Sur une année, 1200 patients environ sont traités dans ce service pour troubles dépressifs ou anxieux. Entre 30 et 50% d’entre eux ont des enfants.

Des séances de psychoéducation : entre partages d’expérience et conseils de professionnels

Voici le déroulé des séances mensuelles de psychoéducation : Les patients se présentent puis le thème de la parentalité en rapport avec la maladie mentale est introduit. L’attention est portée sur la façon dont la maladie est perçue et la relation avec le rôle du patient en tant que parent, avant et pendant le traitement. Les animateurs de la session font attention aux sentiments de culpabilité ou de honte qui peuvent émerger en rapport avec le constat de certaines lacunes parentales. Puis la question est posée quant à la façon dont les parents parlent de leur maladie à leurs enfants. Il s’agit alors d’une conversation ouverte dans laquelle les parents partagent leurs expériences. Ensuite les animateurs résument ce qui vient d’être dit et donnent des exemples d’informations qu’il est possible de transmettre aux enfants selon leur âge.

Enfin est abordée la dernière partie : comment les parents savent-ils que quelque chose ne va pas avec leur enfant ? Sont-ils inquiets quant au bien-être de leur enfant ? Les animateurs informent sur les signaux d’un développement normal et anormal. Le partage d’expériences est encouragé.

A la fin de la séance, d’autres options de soutien sont proposées telles que continuer ces échanges avec le médecin traitant ou un autre professionnel. Une consultation dans un service de psychiatrie infantile est proposée si nécessaire. Les concepteurs de l’étude ont estimé qu’ils pouvaient miser sur la présence de 68 parents au total lors de ces séances. La suite de l’article est à découvrir sur GYNGER

*Site d’information crée et animé pendant 4 ans par Gaëlle Guernalec Levy, co-fondatrice de PAPOTO

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